ORelio arriva enfin à son appartement. La course effrénée qu'il venait de faire l'avait épuisée, aussi se servit-il un coca frais. Il se mit alors devant ce qu'il considérait comme son passe-temps favori, mais aussi son outil de travail, son accès à l'information, l'amour de sa vie ; bref, son ordinateur, qu'il alluma. Au ronronnement doux du ventilateur de son alimentation s'ajouta ceux de la façade et de l'arrière de sa tour, dans un cortège sonore que seul un geek peut apprécier. C'est là qu'il allait commencer par investir ses recherches : sur la dernière personne qu'il avait rencontré avant de disparaître, Amrac.
Il se connecta donc sur son réseau Internet, puis lança son navigateur web sur le forum, Mumble et Skype en même temps. Son ordinateur était bien assez puissant pour cela, songea-t-il. Cependant, contre toute attente, il lui afficha un message d'erreur. ORelio trembla en le lisant :
La vérité... Mais de quoi parlait donc ce psychopathe ? ORelio était désormais sûr : sa disparition n'était pas une blague de la part de son école. Aucun d'entre eux ne connaissait son adresse, hormis l'administration, au fin fond de son dossier. La personne qui lui avait fait subir cela était donc quelqu'un à qui il parlait régulièrement, pour avoir assez de détails sur sa vie. La personne savait aussi qu'il avait rendez-vous avec Amrac, pour l'y avoir retrouvé. Mis à part le staff, personne n'était censé être au courant. ORelio adorait réfléchir. Il sentait ses neurones chauffer, cogiter, bouger sous son crâne.
- Personne n'était "censé" le savoir...
Cette phrase n'avait aucun sens sur Internet. Si la vie réelle était une énorme toile sur laquelle peuvent se perdre quelques âmes dans divers trafics d'armes, de drogues, ou d'autre, le web était un outil bien plus efficace pour recueillir des informations et les utiliser pour anéantir une personne. C'est ce qu'il subissait à chaque début d'année dans le discours de son proviseur : "Vous allez devenir les futurs maîtres de l'informatique. L'informatique est en passe de dominer le monde. C'est donc à vous de vous imposer pour dominer ce monde numérique, qui agit sur le monde réel". Ce temps était bien loin déjà, mais cette portion de phrases revenait chaque années, si bien qu'il avait finit par la connaître par cœur.
Il avait appris dès le second trimestre à retrouver n'importe quel visiteur d'une application, de son site, géographiquement avec des coordonnées très précises. Un peu plus d'informations sur lui, et on pouvait trouver exactement où il habitait. Il avait donc pu être suivit depuis longtemps sans le savoir. Tout cela faisait très "théorie du complot", mais ORelio s'en fichait : il ne lui importait que de retrouver la personne qui l'avait fait disparaître et ré-apparaître. Cette personne le voulait en vie, sinon elle aurait pu le tuer. Il décida donc d'entrer en communication avec Amrac. L'anonymat s'imposait, aussi décida-t-il d'aller dans un cyber-café parisien. Il sortit de chez lui, ferma sa porte en laissant son téléphone. Rien ne lui servirait d'être pisté par ce dernier et de re-disparaître encore. Il voulait avoir la vérité, et il l'aurait, quoi qu'il lui en coûte.